Voilà que l’équipe de Cane, vous le savez, très majoritairement féminine, me fixe désormais le thème de mon édito. « Tu devrais t’exprimer sur la condition féminine » m’ont-ils (sic) demandé.
Plus exigeante, l’équipe souhaitait même que je me mette dans la peau du sexe « faible ».
C’est toujours délicat d’écrire l’édito mais ça ne présente jamais vraiment de risque. Mais là, alors que :
– les observateurs nous disent que depuis mi-novembre les salariées féminines travaillent gratuitement tant les écarts de salaires restent marquants,
– les évolutions des carrières plus lentes pour mesdames sont encore inscrites dans le génome de trop d’entreprises,
– pour les métiers pénibles principalement, les temps partiels sont imposés plutôt aux femmes.
Et d’autres exemples sont nombreux…
Me mettre dans la peau d’une femme me tente très moyennement, pour ne pas dire pas du tout. Pas plus que d’ouvrir votre newsletter sur ce thème.
Pourtant, et si c’était l’occasion de leur montrer que je n’avais peur de rien, je ne suis pas une femmelette ? Tiens, pourquoi un homme de peu de courage se fait-il traiter de femmelette ? Alors que, hé oui, le mot hommelet existe bien. On trouve son origine au XIIe siècle mais son usage reste très confidentiel. Ça ferait donc si longtemps que le vocabulaire existant n’est pas utilisé afin de caractériser la faiblesse systématiquement avec le féminin ?
Et si, c’était le moment de changer de vocabulaire …
Et si, c’était le moment d’inscrire les femmes dans le fonctionnement ordinaire de nos entreprises et de nos institutions sans y être obligé par des quotas, par la loi.’
Et si, c’était le moment de faire le ménage, de dépoussiérer malgré nos mains et nos idées masculines.
Et si, se dire, tête haute, que finalement si l’on compare les conditions entre les genres chez nous avec celles d’autres pays, comme, par exemple, l’Afghanistan, où les talibans ont exclu les femmes et les filles de la vie publique ne serait pas le sujet car les deux situations peuvent et doivent s’améliorer.
Et si, c’était le moment d’écouter, de ressentir la force de nos différences et avec des actes concrets, comme par exemple, féminiser véritablement le conseil d‘administration et le bureau de CANE, prouver notre modernité?
Ni l’équilibre entre les genres, ni le « metoossage », ni le respect des droits humains ne ralentiront le développement de notre société et celui de nos entreprises. D’ailleurs c’est inscrit dans nos expressions populaires. S’il nous faut « courir après les filles » dès notre adolescence, pour nos premières rencontres c’est donc bien qu’elles vont aussi vite que les garçons. A moins que ce ne soit qu’une histoire de vocabulaire …